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    observations

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    milieux

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    observateurs

  • Première observation
    2016

  • Dernière observation
    2023
- Barthe Laurent - Calmels Sylvain - Carbonne Maëlys - Catil Jean-michel - Dupouy Caryl - Giraud Cathy Et Christian - Nicolas Mickaël - Piccinini Benjamin - Riou Ghislain

Informations espèce

La Tarente de Maurétanie (et non pas de "Mauritanie" comme on le lit ou l'entend parfois) est un gecko, c'est à dire un lézard appartenant à l'infra-ordre des Gekkota. Ces lézards sont surtout reconnaissables à leurs doigts très larges en forme de raquettes, équipés de lamelles aux remarquables propriétés adhésives leur permettant d'évoluer à la verticale (voire en surplomb) sur des matériaux souvent parfaitement lisses (bois, pierre, béton, brique, verre, métal, plastique...). Lorsqu'il s'agit d'espèces nocturnes (ce qui est le cas de T. mauritanica), ils présentent typiquement des yeux à pupille verticale, très différents de ceux des autres lézards autochtones et par ailleurs dépourvus de paupières (d'où leur habitude de se nettoyer l'œil d'un coup de langue). Notons que le nom "gecko" provient semble t'il d'une onomatopée, censée restituer le "petit" cri poussé par une espèce du sud-est asiatique. Espèce qui, d'ailleurs, est la seule au Monde dont le nom scientifique comporte le terme "gecko", tel quel : le Gecko tokay, Gekko gecko.
La Tarente de Maurétanie est un gecko de taille respectable et d'aspect massif, pouvant mesurer jusqu'à 19 cm environ queue comprise (corps de 8,5 cm environ), mais la plupart des adultes font environ 15 cm. A l'éclosion (l'espèce est ovipare), les jeunes sont minuscules et ne mesurent que 5 cm environ de longueur totale. La robe, de teinte générale brune à grise, est capable de varier selon l'horaire et le contexte, au cours d'une même journée : elle est extrêmement foncée (à tendance noirâtre) chez les animaux qui se chauffent directement au soleil (héliothermie, essentiellement au printemps et en automne) mais très pâle de nuit, jusqu'à paraître quasiment blanchâtre chez certains individus. Elle est en outre ornée d'un assemblage de taches sombres et claires plus ou moins nettes, formant des bandes transversales grossières sur le dos et des anneaux plus ou moins contrastés sur la queue (les jeunes ont une queue franchement annelée) ... en tout cas lorsque cette dernière n'est pas régénérée suite à une autotomie : si tel est le cas, elle est pratiquement uniforme et non-épineuse (comme beaucoup de lézards, cette espèce est capable de perdre volontairement la queue). Le revêtement du corps, bien différent de celui des Lacertidae (les lézards "vrais"), est d'aspect verruqueux, avec par endroits des protubérances épineuses assez distinctes (cou, flancs, cuisses et, surtout, base de la queue).
Dans quelques localités d'Occitanie (littorales ou peu éloignées du littoral), la Tarente de Maurétanie côtoie parfois un autre gecko, bien plus rare chez nous : l'Hémidactyle verruqueux (Hemidactylus turcicus). Cette espèce, plus petite, présente une silhouette plus élancée et un épiderme à tendance diaphane, parsemé de verrues hémisphériques blanchâtres lui conférant un aspect "perlé". En outre, ses doigts sont pourvus de lamelles adhésives disposées sur deux rangées séparées, en épi, alors qu'elles sont disposées sur une seule et unique rangée chez T. mauritanica.
Ce gecko fréquente une certaine diversité de milieux, très souvent anthropiques (bâti urbain ou rural) mais pas toujours : sous climat méditerranéen, on peut l'observer fort loin de toute agglomération, sur des substrats minéraux (talus rocheux, falaises, gros blocs épars, murets de pierres sèches, ruines...) ou végétaux (troncs d'arbres d'espèces variées, pourvu qu'ils soient crevassés ou que leur écorce se détache par places). Mais c'est surtout sur les façades des maisons et des immeubles qu'on l'observe le plus aisément, de nuit, lorsqu'il chasse diverses bestioles attirées par la lumière de l'éclairage public ou des enseignes au néon. Cet insecticide naturel, 100% bio, attaque à peu près tout ce qui vole ou rampe dans son champ de vision : araignées, cafards, mille-pattes, papillons de nuit, sauterelles... son appétit est sans limite. Il est, pour cette raison, généralement assez apprécié et toléré par l'Homme, d'autant qu'il s'agit d'une espèce plutôt amusante à observer (et tout à fait inoffensive, est-il nécessaire de le préciser ?).
C'est une espèce ibéro-maghrébine étendue, présente sur l'ensemble des pays du bassin méditerranéen, ou presque : Egypte, Lybie, Tunisie, Algérie, Maroc, Espagne (extrême nord-ouest excepté), Portugal, sud de la France (Corse incluse), Italie (Sicile et Sardaigne incluses) et quelques secteurs des Balkans. On la trouve également en Crète.<br> Jusque dans les années 1970 et 1980, la Tarente de Maurétanie était une espèce strictement localisée aux départements du Midi méditerranéen en France. Elle n'était d'ailleurs pas très répandue en ex- Languedoc-Roussillon, où elle était surtout observée dans quelques grandes agglomérations (Perpignan, Narbonne, Sète, Montpellier, Alès et Arles) et dans très peu de villages. Il n'y avait guère que dans les Pyrénées-Orientales qu'elle était contactée hors-agglomération, en milieu non-anthropique ou peu anthropique (environs de Banyuls-sur-Mer et de Collioure, essentiellement).<br> Par la suite, sous l'effet très probablement conjoint du réchauffement climatique et des échanges routiers, ferroviaires, maritimes voire aériens (transport de matériaux de construction, de végétaux, véhicules eux-mêmes...), la Tarente de Maurétanie a amorcé une extension d'aire spectaculaire : après avoir colonisé de nombreuses agglomérations de l'ex- Languedoc-Roussillon où elle était inconnue (tant urbaines que rurales), elle a été détectée à Toulouse vers la fin des années 1980. Elle n'y était alors observée que dans une seule rue du quartier Saint-Michel (rue Léon Soulié), où sa reproduction était déjà avérée (présence de toutes les classes d'âge).<br> La dynamique d'expansion s'est encore amplifiée durant les années 1990, 2000 et 2010 et se poursuit toujours : ce gecko a non seulement colonisé l'intégralité de l'agglomération toulousaine, mais il a fait son apparition dans de nombreuses autres villes du Sud-Ouest, où s'observent à présent des populations reproductrices (Albi, Auch, Cahors, Castres, Foix...). Il a même atteint la façade atlantique, où des villes comme Bordeaux hébergent désormais cette sympathique espèce. Le potentiel colonisateur reste colossal, car la Tarente de Maurétanie est régulièrement signalée (preuve photographique à l'appui) de localités nouvelles, ça et là dans notre région mais également bien au-delà. Indéniablement, le réchauffement climatique va profiter à ce gecko, appelé à conquérir une bonne partie de l'Occitanie dans les décennies à venir. C'est, pour le moment, une espèce strictement confinée à des localités de basse altitude en ex- région Midi-Pyrénées, mais il convient de faire remarquer qu'elle atteint en revanche 990 m dans les Pyrénées-Orientales et qu'elle n'est pas rare -y compris hors-agglomération- jusqu'à 1000 m voire un peu plus dans les Pyrénées espagnoles. Comme beaucoup de reptiles méditerranéens en effet, la Tarente de Maurétanie est à peu près indifférente aux températures hivernales (elle se débrouille pour hiverner à l'abri du gel, qu'il fasse - 1°C ou - 20°C) mais s'avère très sensible aux températures printanières, estivales et automnales, c'est à dire celles qui influent réellement sur son activité et son cycle biologique (durée d'incubation des œufs et période d'éclosion, entre autres). Or, les modèles climatiques prédictifs envisagent justement une augmentation plus sensible de ces températures-là.
Gecko stellio Merrem, 1820 | Lacerta mauritanica Linnaeus, 1758 |

Observations par classes d'altitudes

Observations mensuelles